La description désigne en tout point le lombric commun, mais parle-t-on du même ver ?

L’histoire commence par le même témoignage de personnes différentes : « J’ai découvert des vers dans la cuvette de mes toilettes ». Les autres constatations se résument à : « Ils mesurent environ 10 cm de long, l'aspect et la couleur du corps ressemblent au ver de terre, et je vois des anneaux plus clairs tout le long du corps. Une extrémité est plus grosse et ronde, l’autre finit en pointe ».

La description désigne en tout point le lombric commun qui vit dans la terre d’un potager. Mais que fait l’invertébré si loin de son habitat naturel ?

Avant de spéculer sur l’origine de la présence d’un ver de terre dans la cuvette, l’observation de l’aménagement et la décoration du lieu d’aisance s’impose, car il pourrait nous apporter des informations. Avec la présence d’une plante naturelle posée en surplomb des toilettes, nous imaginons qu’un ver vivait peut-être dans la terre du pot. C’est une suggestion plausible, l’oubli ou l’excès d’arrosage ont incité le ver de terre à fuir de la terre, puis il a basculé dans l’eau de la cuvette.
Si cette situation n’existe pas, il faut chercher ailleurs, reprenons le déplacement ordinaire d’un ver de terre. Comme nous l’avons évoqué précédemment, il vit dans la terre, proche de la surface du sol. Sauf à déplacer la terre avec un ver dans la maison, la nouvelle supposition est que le ver soit sorti de son habitat pour franchir le seuil de la maison. Si les toilettes sont à proximité immédiate de l’extérieure et que la cuvette comporte une partie verticale, le ver est capable de remonter cet obstacle. L’hypothèse est partiellement vraisemblable, un ver de terre peut se déplacer sur plusieurs mètres si le sol est humide. Sur un sol sec et des surfaces nettoyées avec des agents chimiques, le corps du ver est agressé. Ces conditions rendent la progression et le franchissement de la paroi verticale invraisemblable.

Les autres scénarios impliquent le dysfonctionnement du réseau d’évacuation des toilettes, l’utilisation de toilettes sèches ou à litière. Dans le premier cas un ver passe de la terre dans la canalisation par un regard de visite, puis remonte dans la cuvette en traversant le siphon. Cette succession d'actions est réalisable si les WC sont au rez-de-chaussée et que les toilettes ne sont pas utilisées pendant le trajet du ver. Le passage du siphon plein d’eau est la fin du parcours, car le ver n’est pas capable de sortir de l’eau.
Les toilettes sèches « en mélange ou à litière » séparent l’urine des fèces, une matière à base de sciure recouvre les déjections. Dans cet apport, il est possible de trouver un ver si le contenant était posé au sol. Dans ce cas, l’utilisateur transfère le ver dans la cuvette à son insu. Les différentes conjectures sont relatives au contexte.

Et si la bestiole n’était pas le ver de terre, mais un ver intestinal vivant dans le corps d’un humain…
Quel serait le profil de ce ver ?
Le ténia ou ver solitaire est de forme plate, sa longueur peut atteindre 10 mètres à l’âge adulte. Il se fractionne en petits morceaux et ses anneaux blancs sont bien visibles dans les selles. Les symptômes d’une personne infectée sont variés : vertiges, nausées, troubles de l’appétit et de la digestion, diarrhée, perte de poids... Cette description est bien différente du ver de terre de couleur brune.

Nous resterons donc sur la probabilité que le ver observé dans la cuvette était un ver de terre. S’il bouge encore, c’est que sa présence est récente. Mettez une paire de gants jetables pour le sauver de la noyade. Une petite photo pour immortaliser le geste et surtout m’adresser le portrait de l’intrus afin de faciliter son identification. Cela éviterait de se perdre en conjectures.

En cas de doute, ou si vous manifestez des nausées à la lecture de cet article, consultez un médecin accompagné de votre découverte. Il saura atténuer vos angoisses, et prescrire un vermifuge pour éviter la contagion à ceux qui entourent le malade habité par un ver solitaire.