Titre: Pivert et le ver de terre
Auteur: Cyril Suquet
Publication: Les Z'écrits de Cyril Suquet
Source poème: http://lesecritsdecyrilsuquet.wifeo.com/
Allongé dans le pré, près d'Anvers, Soudain, prévenu par le remue-ménage A plat ventre avec ses bosses qui ondulent, Par sa main gauche, ouverte, Pivert ne relâche pas son effort Le prétendu Pivert, seul au vert,
Un prétendu inconnu, lit du Prévert.
Ne connaissant pas son prénom,
Nous l'avons prénommé ouvertement, Pivert,
Pivert donc, se prélasse, le livre ouvert,
Les pieds en croix, au bord de la rivière.
Un vrai rituel, un mode de vie,
Le bonheur, simple et pur.
De l'herbe à peu près verte, Pivert
Scrute la pelouse.
Un ver de terre surgit, l'air bien portant
Et satisfait de sa mission.
Quel culot, se dit Pivert!
Il est vert de rage,
De dégoût aussi.
Comment cet infâme invertébré
A osé troubler la magie de ce moment.
Il a l'air fin, le ver de terre.
Minuscule à terre,
Il serait ridicule en plein air.
Pivert le saisit par le revers
Et le jette dans un verre.
Le ver de terre a le vertige
Mais n'en a que faire.
Quel calvaire !
Il saisit une tige
Et s'amuse avec le ver dans le verre.
Pauvre ver de terre,
Il gémit et subit les jeux pervers
De son agresseur, Pivert.
Quelle vermine, s'exclame le ver!
Il a le vertige, c'est sûr
Et prétexte du manque d'air
Pour sauter en dehors du verre.
Pivert n'a pas le temps de l'attraper
Que déjà, le ver swingue de tout son long
Sur l'herbe fraîche.
Qu'il est heureux ainsi, tête-bêche,
Il effectue sa danse du ventre sur le pré vert,
Un vrai rituel, un mode de vie.
Le bonheur, simple, terre à terre.
Et poursuit le ver sur ses terres.
Mais mal lui en a pris,
D'avoir pour le ver tant de mépris.
Affolé, de peur d'être piétiné, le ver de terre
A ameuté sa tribu et se sent plus fort.
Assailli par une armée de vers
En tombe à terre, vert de peur
Et bien loin du bonheur,
Du Pré vert.