Une nuit

Autour de moi, les bruits sourds de la terre cessent.
La chaleur organique de décomposition s’étiole en vapeur épaisse.
Une vie silencieuse se développe avec constance.
De longs filaments mycéliens tissent leur toile blanche, colonisent les interstices et vident la terre de ses substances.

Dans mes galeries, la nuit enveloppe les anneaux de mon corps.
Hors de mon antre, la lune bienveillante éclaire ma table.
Je m’étire vers des feuilles appétissantes qui tapissent le sol.
Lentement ma bouche aspire et mes muscles entrainent dans la terre un morceau de ce mets.

Des colocataires détritivores s’invitent et partagent mon repas.
Je ne résiste pas à l’envie de croquer ces bactéries opportunistes pour améliorer mon ordinaire.
Ainsi s’écoule ma nuit de ver de terre.