Est-ce que le ver de terre assimile des perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques naturelles ou artificielles étrangères qui interfèrent avec le fonctionnement du système endocrinien d’un organisme et provoque des anomalies physiologiques et de la reproduction.

Les molécules de ces substances agissent à très faibles doses sur de nombreuses espèces vivantes animales. Leur toxicité perturbe l'organisme et peut impacter toute une population, par exemple l'escargot marin Nucella lapillus, dont les populations sont affectées par le tributylétain (TBT). Ce produit est principalement utilisé dans les antifoulings sur la coque des bateaux. Il est interdit en France depuis 2008. Les femelles de l’escargot développent des organes sexuels masculins à la suite de l'exposition au tributylétain. Le TBT est la cause de leur extinction dans toutes les mers du monde.

Le milieu aquatique concentre beaucoup de substances chimiques, dont les hormones des pilules de contraception. Certains organismes aquatiques deviennent les bio-indicateurs de cette contamination environnementale

 

Le ver de terre est-il impacté par les perturbateurs endocriniens ?

En Suisse dans le domaine de l’écotoxicologie, le Centre Ecotox identifie et évalue les effets des substances chimiques sur l'environnement. Il a élaboré une variante du test bait lamina basée sur la mesure de l'activité alimentaire des vers de terre, la réponse positive du ver au test est un indicateur de présence de polluants. Les scientifiques du centre ont retenu les vers de terre de l'espèce Eisenia andrei pour représenter la macrofaune dans l'évaluation du risque lié aux polluants chimiques. Ces organismes vivants contribuent activement à l'aération du sol, au compostage de la matière organique et à la transformation biochimique de son milieu.
Il existe globalement 3 tests pour déterminer l’impact des produits chimiques sur le ver de terre : la toxicité aiguë qui mesure la mortalité, la reproduction et l’évitement les sols contaminés. La variante du test utilise un dispositif pour appâter les vers de terres. La présence et l’activité des vers sont mesurées par la disparition de l’appât. Les polluants chimiques perturbent les fonctions du sol, les vers Eisenia andrei évitent alors ce milieu inhospitalier.

Si le ver de terre évite un sol pollué, les organismes aquatiques n’échappent pas à leur milieu.

Les sédiments d’un écosystème aquatique sont constitués des particules qui se déposent au fond des cours d’eau et des plans d’eau. Par l’accumulation des polluants, ils constituent une source de contamination des eaux de surface et de la chaîne alimentaire. Pendant une crue ou à la suite d’un dragage, l’habitat du ver de terre pourrait être impacté par les sédiments. Dans ce cas la terre serait recouverte substances chimiques naturelles ou artificielles, la toxicité ne serait probablement pas de nature à repousser le ver de terre qui assimilerait des certainement des perturbateurs endocriniens.