Déjà utilisé dans l’agriculture, le « lombricompostage » peut aussi servir à faciliter le recyclage des métaux lourds.
Le compostage grâce aux lombrics a déjà fait ses preuves, entre autres, pour le recyclage des déchets de l’aéroport de Denver (Colorado, États-Unis) et prend de plus en plus d’ampleur dans le domaine agricole. Dorénavant, le «vermicompostage» ou «lombricompostage» pourrait bien encore plus se démocratiser à la suite d’une belle découverte. Une étude réalisée en 2012 par les chercheurs Swati Pattnaik et Vikram Reddy, membres du Département des Sciences et de l’Ecologie de l’Université de Pondichéry (Inde) révèle en effet que trois espèces de vers de terre, l’Eudrilus eugeniae, l’Eisenia fetida et le Perionyx excavatus de leurs noms scientifiques, peuvent être utilisées pour le compostage des ordures urbaines pour en extraire les métaux lourds.
Le système digestif de ces vers serait selon eux capable de détacher les ions de métaux lourds à partir des agrégats complexes entre ces ions et des substances humides dans les déchets lorsqu’ils pourrissent. Au terme de plusieurs processus à base d’enzymes, les ions semblent en effet être assimilés par les vers et enfermés dans les tissus de l’organisme au lieu d’être relâchés dans le compost. Cette capacité unique des vers de terre pourrait révolutionner la gestion des déchets urbains, en offrant une méthode écologique et efficace pour traiter les métaux lourds, souvent difficiles à éliminer par les méthodes traditionnelles.
Le lombricompostage présente de nombreux avantages. En plus de réduire la quantité de déchets envoyés en décharge, il produit un compost riche en nutriments qui peut être utilisé pour améliorer la qualité des sols agricoles. Ce compost est particulièrement bénéfique pour les cultures, car il améliore la structure du sol, augmente sa capacité de rétention d'eau et favorise la croissance des plantes. De plus, le processus de lombricompostage est relativement simple et peu coûteux, ce qui le rend accessible même pour les petites exploitations agricoles.
L'étude de Pattnaik et Reddy ouvre de nouvelles perspectives pour l'utilisation des vers de terre dans le traitement des déchets. En plus de leur capacité à décomposer la matière organique, ces vers peuvent également jouer un rôle crucial dans la décontamination des sols pollués par les métaux lourds. Les chercheurs ont observé que les vers de terre peuvent accumuler des métaux tels que le plomb, le cadmium et le zinc dans leurs tissus, réduisant ainsi la concentration de ces métaux dans le compost final. Cette découverte pourrait avoir des implications importantes pour la gestion des déchets industriels et urbains, en offrant une solution durable pour la dépollution des sols. Pour résumer, le lombricompostage représente une méthode prometteuse pour le recyclage des déchets et la gestion des métaux lourds. Grâce aux recherches de Pattnaik et Reddy, nous comprenons mieux comment les vers de terre peuvent être utilisés pour améliorer la qualité des sols et réduire la pollution. À mesure que cette technique se développe, elle pourrait jouer un rôle clé dans la transition vers une économie plus circulaire et durable. Les agriculteurs, les gestionnaires de déchets et les décideurs politiques devraient envisager d'intégrer le lombricompostage dans leurs pratiques pour tirer parti de ses nombreux avantages environnementaux et économiques.
Illustration introduction: sol pollué dans la mine Brukunga Pyrites, à l'est d'Adelaide, sud de l'Australie en 1992 Crédit : John Coppi / CSIRO - Licence : CC BY