La respiration du lombric

Tous les êtres vivants terrestres, animaux et végétaux, absorbent le dioxygène contenu dans l’air ou l’eau, et rejettent du dioxyde de carbone. La respiration du lombric s'effectue par sa peau humide et perméable à l'oxygène et au dioxyde de carbone.

La fine peau du ver de terre est constamment lubrifiée par un mucus. La mitochondrie des cellules de l’épiderme est l'élément indispensable à la respiration cellulaire, elles fixent l'oxygène de l'air. Ensuite, les vaisseaux et les capillaires sanguins transportent le sang oxygéné dans l’organisme.

J’aimerais vous partager la réflexion surprenante de Phil Nixon, entomologiste en Illinois.

Lors des fortes pluies, un grand nombre de vers de terre sont visibles hors de leur milieu naturel. Ils quittent la terre et se déplacent sur les trottoirs et dans les rues. On suppose généralement que les vers de terre remontent à la surface parce qu'ils se noient dans leur galerie. Nous avons évoqué précédemment que lorsque le lombric respire, il expulse le dioxyde de carbone. Ce gaz ne se dissipe pas très bien dans un milieu inondé. L'augmentation du niveau de dioxyde de carbone dans l'eau la rend plus acide. Ce serait la première raison évoquée par Phil Nixon pour expliquer la remontée des vers.

Une autre hypothèse découle d’observations faites par Phil Nixon et complétées des zoologistes taïwanais. Ils ont constaté que le ver de terre anécique qui fait surface normalement la nuit consomme l'oxygène plus rapidement et ne tolère pas bien une immersion totale dans l'eau. Il peut rester sous terre quelques heures lorsqu'il pleut pendant la journée, mais doit remonter plus tôt s'il pleut la nuit. L'autre, le ver épigé, consomme moins d'oxygène et survit sous terre avec des concentrations d'oxygène plus faibles.

Ces biologistes pensent que les vers remontent en surface pour se reproduire et faire de longs voyages.

L'hypothèse de l'accouplement et d’un déplacement migratoire est soutenue par le type de vers en surface pendant et après la pluie. Comme l'explique Phil Nixon, la grande majorité représente des vers épigés adultes. Ces vers affrontent les risques inconscients d’être becqueté par un oiseau, écrasé par un humain ou bloqué sur une surface imperméable. Pour se reproduire, les vers surmontent des risques, certains se déplacent de plusieurs mètres en surface pour découvrir un autre monde, d’autres regagnent leur galerie dès que la pluie cesse.

Agrégeons la pulsion de la reproduction et le déplacement hors du lieu de vie les jours de pluie, comme les vers de terre ont besoin de maintenir la surface de leur peau humide pour respirer, ils attendent que le sol soit bien mouillé par la pluie et que le risque de dessèchement de leur corps soit moindre, pour réaliser ces activités. Il est possible que l’observation et l’hypothèse des biologistes constituent un début de réflexion sur la colonisation de la terre par les lombrics.

Phil Nixon, worms 

Entomologiste à la retraite de l'Université Urbana-Champaign de l'Illinois, Phil Nixon était responsable de l'éducation à la sécurité des pesticides et de la lutte intégrée contre les insectes nuisibles aux paysages et aux maisons.